Bandini posant avec ses amis
Bandini posant avec ses amis

On raconte que le 29 mai 1983 fut une journée spéciale. Le soleil brillait plus intensément, le bleu de la mer était plus profond, les oiseaux chantaient avec plus d’entrain. Ce jour là avait en tout cas été désigné par le destin pour accueillir la naissance de Bandini, de l’incomparable, du grandiose, de l’ineffable Bandini.

J’étais un bébé magnifique quoiqu’en ait dit une poignée de jaloux qui me qualifièrent de grassouillet. Je trouvais déjà en moi-même une paix intérieure qui me semblait si agréable que je ne fus pas pressé d’apprendre à marcher ou à parler. J’avais le temps, et je ne comptais pas laisser le monde me presser.

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A la maison je me suis lancé dans l’écriture de romans d’aventures ainsi que dans la presse ; à 10 ans je gérais deux magazines auxquels j’avais abonné de force mes parents. Le premier (« Tout sur Tout, le magazine qui parle de tout ») proposait à ses deux abonnés des articles de fond sur les sujets les plus divers, quelques jeux d’esprit, ainsi qu’une rubrique culture où mes romans recevaient généralement des critiques dithyrambiques. Le second (Les Echos du Haut-Miziapo) était le journal officiel d’information du monde en Playmobil que ma sœur et moi avions construit, mais il me servait surtout à harceler moralement ma cadette. Les articles fielleux et les lettres ouvertes menaçantes la concernaient toujours, alors que mon rôle de président était sublimé par d’incessants éloges. Avec le temps je me mis à écrire des textes rageurs que je regroupais sous le titre « Journal d’un fou » avant d’apprendre qu’une espèce de scribouillard communiste m’avait piqué l’idée.

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Mais le destin de Bandini n’était pas de s’asseoir au premier rang, de suivre le chemin tracé par l’éducation nationale et qui conduit à la satisfaction d’être devenu quelqu’un. Non, le fil déroulé par les Moires ne devait pas finir empêtré aux millions d’autres pour former un piteux tricot, Bandini le fameux allait trouver une place au firmament, SA place.

J’ai joué le jeu aussi longtemps que je l’ai pu, chaque jour m’en rappelait les impossibles règles, et c’est ainsi que je devins moi-même, hybride de conformiste et de marginal, nulle part à sa place mais partout accueilli, seul dans l’éternité, confondu dans l’infini.