route srinagar Inde

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Le voyage est assez classique, on lie conversation avec quelques passagers, on tente de dormir du mieux qu’on peut toute la nuit, et on a chaud. Lorsque le soleil se lève, je suis surpris par le paysage de plaines qui s’étend par ma fenêtre. J’imaginais l’Himalaya plus… montagneux. Quand à 8h je ne vois que quelques collines, je me dis qu’on risque d’arriver trop tard pour le ptit déj. Lorsqu’à 12h je vois un panneau « Srinagar 190km », je me dis qu’on s’est vraiment foutu de notre gueule (190km ça pourrait ne pas être grand-chose, sauf que ça y est on est dans les montagnes et qu’on fait du 25km de moyenne).

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lac dal Srinagar shikara sunset

Ali (Ali Baba est le surnom qu’il se donne, preuve d’une certaine lucidité) est le patron de l’agence qui nous a tous envoyés ici, autrement dit le chef des 40 voleurs. Il arrive de Dehli avec sa mère et un grand sourire, il salue tout le monde chaleureusement et nous propose d’aller piquer une tête. Je me jette à l’eau avec nos amis d’Outre-Manche pendant que Rem nous attend sur le ponton (il semble refroidi depuis qu’il a découvert que les toilettes se déversent directement dans le lac). La libido du bon Ali est débordante et elle a tendance à éclabousser la jeune anglaise (il faut que je retrouve son prénom), il est vrai mignonnette. La baignade est agréable, on nage un peu avant d’aller se poser sur le toit d’un bateau.

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lac dal srinagar

Nous prenons nos sacs et nous montons dans la petite barque. Je me saisis de la pagaie et le frêle esquif se met en mouvement, entre l’eau et les étoiles. Nous sommes tous les quatre sous le charme de ce moment unique, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Le silence, jusque là simplement ponctué par le bruit de ma rame caressant l’eau, est soudain envahi par de lointaines incantations. Des voix fantomatiques se mettent à résonner tout autour de nous, comme sorties du néant pour aller se promener dans les montagnes. Il s’agit de plusieurs muezzins appelant à la prière, mais la beauté et l’acoustique du lieu comme du moment rendent la situation inoubliable. J’arrête de ramer, la barque ralentit, et nous restons là, silencieux et immobiles, laissant s’échapper notre imagination. Quelques minutes ou peut être quelques siècles plus tard, nous reprenons notre route vers la réalité. Nous accostons, et c’est alors le moment de quitter nos amis, que l’on retrouvera peut être plus tard.

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bus pourri inde

Après un après midi passé à « surfer sur le web » (à 56k) on repart vers la gare routière. Après des biscuits au petit déj’ et des chips au curry au déj’, on décide de s’offrir des biscuits pour le dîner. On monte dans notre bus peu après l’heure prévue, un bus assez original d’ailleurs… Il a une hauteur de plafond classique, sauf qu’en haut des compartiments couchettes ont été ajoutés, ce qui fait que lorsqu’on est à une place assise (ce qui bien sûr était notre cas) on a l’impression d’être dans un tunnel. On croise Jessica et les deux israéliennes et hop, en voiture Simone. Le chauffeur est un fou du volant, ce qui ne serait pas grave si son bolide avait des amortisseurs. Là on passe tout le voyage à faire des bonds, à se prendre les différents rebords et à se cramponner pour ne pas être éjectés. On va tellement vite qu’à 2h du matin on nous dit de descendre (alors que l’arrivée était prévue à 5h).

On se retrouve alors avec le boulet Jessica au milieu d’une route déserte et d’une nuit profonde. Lorsqu’elle apprend que le taxi demande 500Rs pour aller à McLeod Ganj, elle décide de faire le trajet avec nous, à pied. Nous nous mettons en route en choisissant un cap au hasard, et après quelques minutes nous trouvons un panneau « McLeod Ganj 12km ».

Bon, ben on pensait avoir 3km à faire, ce sera un peu plus. Nous marchons sur une route de campagne, sans autre lumière que les étoiles. La situation est une nouvelle fois surréaliste, mais il semble que je sois le seul à en apprécier le charme. Une bonne heure s’écoule ainsi, dans le silence de la nuit quand une voiture s’arrête à notre hauteur : pour 100Rs il nous amène à 3km de notre destination.

La route est de plus en plus montagneuse et nous ne regrettons pas d’avoir payé 30Rs par personne, d’autant plus qu’une portion ardue nous attend. Nous reprenons notre ascension pédestre mais Remfish en a rapidement plein le bol alors que Jessica est à bout de force. Nous décidons donc de dormir sur le bord de la route, derrière un tas de ciment à l’entrée d’un petit village.

une nuit dans la rue de mac leod ganj himalaya

Le matin, nous sommes réveillés (pas plus de deux heures après nous être couchés) par un petit moustachu qui nous propose une chambre à 150Rs. Nous le suivons après avoir eu confirmation que nous étions en fait bel et bien arrivés à McLeod Ganj, acceptons une pièce au confort spartiate où trône un tas d’oignons, et nous précipitons au lit.

Je suis réveillé par quelqu’un qui tape à la porte : c’est le moustachu qui commence à me parler de français et de Dalaï Lama. Je suis en caleçon et toujours à moitié endormi et me contente donc d’un « later, later » avant de retourner sous la couverture.

Au réveil nous nous sentons d’attaque pour aller visiter le village.